« Qui croit devoir fermer les yeux sur quelque chose
se voit bientôt forcé de les fermer sur tout »
C’est une préoccupation majeure des citoyens qui ne sont pas toujours avertis de leurs droits à l’information concernant des dépassements de norme ou des dérogations accordées par le préfet, permettant de délivrer de l’eau non-conforme en toute légalité, mais en toute opacité !
En Mars 2012 L'UFC Que Choisir a envoyé un communiqué de presse pour épingler certaines communes du département sur la qualité de leur eau.
A Amancy, Ayze, Brison, Châtillon-sur-Cluses, Le Reposoir, Petit-Bornand, Saint-Jean-de-Tholome, Saint-Laurent, Servoz et Vallorcine, selon l'UFC Que choisir, les habitants boiraient une eau pas conforme. Pointée par l'association, une non-conformité concernant les bactéries coliformes. « Cela peut provenir de la vétusté des réseaux ou d'un problème de réglage du système d'assainissement », indique Serge Molinari, le président de l'UFC Que Choisir Rhône-Alpes. Le cadre réglementaire impose de fréquents relevés de contrôles qui sont effectués par des laboratoires. Les relevés sont contrôlés par l'Agence régionale de santé. Ils sont aussi accessibles sur le site du ministère de la Santé.
L'UFC a conçu un programme informatique qui a analysé ses relevés pour les années 2010 et 2011. «Les communes ressortaient dès lors qu'elles avaient un seuil de non conformité de 25 %», complète Serge Molinari. «Le problème, c'est que les gens croient payer pour une eau potable de qualité, alors que ce n'est pas le cas. Mais du côté des communes concernées se voir ainsi pointé du doigt passe mal. »
La grande majorité des élus reconnaissent quelques problèmes ponctuels, mais pas de quoi s'affoler sur la qualité de l'eau.
Quand s’affole t’on ? Jamais si l’information reste dissimulée.
A droite : exemple de fiche de qualité de l'ARS (cliquer pour agrandir), disponible sur http://www.ars.rhonealpes.sante.fr/La-qualite-de-l-eau-de-distrib.106322.0.html
Ici, fiche concernant l'eau du captage de Betton (Servoz- La Côte) : "L'utilisation de l'eau pour la boisson et la préparation des aliments est déconseillée pour les nourrissons en raison d'éventuels effets laxatifs"
A Servoz, l’article de l’UFC Que Choisir fait apparaître que Madame le Maire n’accepte pas que sa commune puisse être dans un telle liste (Rouge : Qualité de l’eau "Mauvaise" : entre 50 % et 75 % d’analyses non-conformes). « On a des analyses de l'eau régulières. On regarde toujours les conclusions. On est très vigilant. Je n'ai pas la moindre inquiétude, je fais confiance aux gens de terrain qui font les analyses », assure Madame Schmutz. Et d'ajouter : « La moindre des politesses aurait été de nous contacter. »
Il était en effet prévu que les antennes départementales de l'UFC prennent contact avec les maires des communes concernées, mais l'UFC Haute-Savoie n'a pas souhaité s'associer à cette opération.
[source : : http://www.lemessager.fr/Actualite/Faucigny/2012/04/03/article_la_qualite_de_l_eau_pointee_du_doigt.shtml]
Toujours selon le même article, Madame le Maire de Servoz affirme : « Le laboratoire m'a dit qu'en bactériologie, il y a deux choses importantes : les escherichia coli et les entérocoques. Il faut que ce soit à zéro et c'est le cas pour nous. Des coliformes, il peut y en avoir, mais ça n'a aucune incidence sur la potabilité de l'eau. Pas de quoi affoler la population. »
Pourtant d’après ce document, La DDASS 74, dans ses limites et références de qualité, ne distingue pas les bactéries coliformes et considère que ce taux doit être égal à zéro.
[Source : en Page 5 de la plaquette de la DDASS 74 «l’eau potable en Haute-Savoie» http://www.ars.rhonealpes.sante.fr/fileadmin/RHONE-ALPES/RA/Direc_sante_publique/Protection_Promotion_Sante/Environnement_Sante/Eaux/Plaquette_Aep_2008_Haute_Savoie_comp.pdf ]
[Source : en Page 5 de la plaquette de la DDASS 74 «l’eau potable en Haute-Savoie» http://www.ars.rhonealpes.sante.fr/fileadmin/RHONE-ALPES/RA/Direc_sante_publique/Protection_Promotion_Sante/Environnement_Sante/Eaux/Plaquette_Aep_2008_Haute_Savoie_comp.pdf ]
Un membre de Vivre à Servoz a fait l’expérience pour vous. Un filtre 20 microns a été placé en aval du compteur d’eau dans son habitation (blanc à l'origine). Sur la photo ci-contre, vous voyez le résultat après seulement deux mois.
De son côté, l'Agence régionale de santé a pris elle aussi connaissance de l'étude de l'UFC Que Choisir. « D'une manière générale, leurs conclusions recoupent les nôtres, note Dominique Reignier, ingénieur d'étude à la délégation territoriale de la Haute-Savoie de l'ARS. Souvent en montagne, on peut avoir dans les petites collectivités des problèmes bactériologiques. Toutefois, l'UFC globalise beaucoup trop, car ces communes sont souvent desservies par plusieurs réseaux. Et le problème peut venir d'un petit réseau, qui ne dessert que peu d'habitations. (Pas de chance pour eux) Cela ne donne pas l'image globale de la qualité de l'eau sur une commune. » Comme le dit Madame le Maire, l'ARS confirme que « les escherichia coli et les entérocoques sont essentielles pour qualifier le risque sanitaire. Les coliformes sont un indicateur supplémentaire de la qualité de l'eau, mais leur seule prise en compte n'est pas suffisante pour parler de risque sanitaire. » Elle insiste aussi sur le fait qu'à « la moindre analyse non-conforme, la commune est informée et doit faire le nécessaire pour qu'elle soit de nouveau conforme. On est en lien permanent. »
Nous sommes en droit de nous demander si nos élus prennent le temps de lire les comptes-rendus d’analyses, pourquoi aucune diffusion dans le village n’a été faite suite à ces relevés de que Choisir que corroborent l’ARS ?
Nous reviendrons dans un prochain article sur les conséquences de la dureté de l’eau dans notre village très calcaire à cause des Fiz (voir schéma de fin).
Rappelons qu’en France, selon le ministère de l’environnement, chaque habitant consomme, en moyenne, 150 litres d’eau par jour pour ses usages sanitaires et domestiques.
L’eau représente 60 % du poids d’un adulte et 75 % de celui d’un nourrisson. Pour compenser ses pertes hydriques, le corps humain doit ingérer quotidiennement de l’ordre de 1,5 litre d’eau.
L’eau est capitale pour la santé, alors nous souhaiterions être mieux informé à Servoz pour :
- envoyer aux habitants le bilan de la qualité de l'eau qui est fourni par l'ARS afin de prévenir les parents lorsque l’eau est déconseillée pour les nourrissons.
- Analyser l’état des réseaux (c’est sûrement déjà fait) et planifier les réfections qui s’imposent.
- Servoz possédant sur son territoire des sources non calcaires, pourquoi ne pas envisager de changer les zones de captages ?
Certes, ces travaux représentent des sommes importantes et nécessitent une anticipation et un étalement dans le temps. Néanmoins, nos factures d’eau n’ont cessé d’augmenter ces dernières années, la qualité de l’eau n’est pas au rendez-vous, ce sujet ne devrait-il pas être traité comme une priorité ?
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Informations complémentaires :
Le Protocole de l’étude de Que choisir
Synthèse réalisée à partir des résultats d’analyse de l’eau des 36 568 communes de France métropolitaine, publiés sur le site du ministère de la Santé (http://www.sante.gouv.fr/resultats-du-controle-sanitaire-de-la-qualite-de-l-eau-potable.html), sur le premier semestre 2009, l’année 2010 et le premier semestre 2011, pour six critères : pesticides (quantité totale de pesticides, atrazine et ses métabolites), nitrates, sélénium, qualité bactériologique (bactéries coliformes), aluminium, radioactivité. Pour un critère donné, l’eau d’une commune est considérée comme non conforme si plus de 25 % des analyses pour ce critère sont supérieures à la norme.
En fonction de la proportion d’analyses non conformes, et pour chaque critère, nous avons défini les appréciations suivantes :
- Qualité de l’eau "Passable" : moins de 25 % d’analyses non-conformes
- Qualité de l’eau "Dégradée" : entre 25 % et 50 % d’analyses non-conformes
- Qualité de l’eau "Mauvaise" : entre 50 % et 75 % d’analyses non-conformes
- Qualité de l’eau "Très mauvaise" : plus de 75 % d’analyses non-conformes.
Limites maximale pour chaque polluant :
- atrazine et ses métabolites : ≤ 0,1 µg/l ;
- total des pesticides analysés : ≤ 0,5 µg/l ;
- critères bactériologiques (bactéries coliformes) : absence dans 100 ml ;
- nitrates : ≤ 50 mg/l ;
- radioactivité (dose totale indicative) : ≤ 0,1 mSv/an ;
- aluminium : ≤ 200 µg/l ;
- sélénium : ≤ 10 µg/l.
Situation en Haute-Savoie
Au 1er janvier 2007, près de 88 % de la population de la Haute-Savoie desservie par plus de 60 % des unités de distribution consomme une eau de bonne qualité bactériologique (taux de conformité supérieur ou égal à 90 %). Il reste toutefois 40 unités de distribution dont les eaux présentent des contaminations chroniques. Ces UDI alimentent environ 5 000 habitants soit 1 % de la population du département.
Comme beaucoup de départements de montagne, la Haute-Savoie présente de nombreux réseaux où la qualité bactériologique reste insuffisante. Les problèmes structurels relatifs à l’organisation de la distribution, en sont la raison principale.
Ci-dessous concentration de fluor et dureté de l'eau [source DASS 74]
Ci-dessous concentration de fluor et dureté de l'eau [source DASS 74]
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